
Stationnement poids lourds en Wallonie : une urgence que l’on ne peut plus ignorer
15/01/2025 – Je suis régulièrement interpellé par des chauffeurs routiers, des riverains ou même des bourgmestres à propos du manque criant de places de stationnement pour les poids lourds sur nos autoroutes. Ce n’est plus un simple problème de confort : c’est une question de sécurité routière, de santé publique, et de dignité pour des milliers de travailleurs.
Je pense notamment à ce qui se passe sur la E40, du côté de Crisnée. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais il illustre parfaitement le ras-le-bol des chauffeurs, contraints bien souvent de stationner sur la bande d’arrêt d’urgence. Ce n’est pas un choix : c’est une obligation faute de mieux. Et c’est dangereux pour eux, pour les autres usagers, et pour l’image que nous donnons de la Wallonie aux yeux du reste de l’Europe.
Selon le Livre noir des parkings autoroutiers belges publié par l’UBT-FGTB, près de 90 % des chauffeurs peinent à trouver une place pour dormir. Comment peut-on tolérer cela en 2025 ?
J’ai interpellé le Ministre sur cette question, et même s’il ne m’a pas répondu directement, il m’a renvoyé à cette réponse. Il reconnaît lui-même que la situation actuelle est loin d’être satisfaisante, et que les 600 places créées entre 2010 et 2020 ne suffisent plus à compenser l’augmentation du trafic. Il le dit clairement : il n’a pas de baguette magique. Moi non plus. Mais ce que j’attends, et ce que les routiers attendent, c’est une vraie volonté politique, au-delà des constats.
La SOFICO, gestionnaire de nos autoroutes, annonce que plus de 3 500 places existent aujourd’hui, mais admet aussi que la demande dépasse largement cette offre. Elle prévoit de nouveaux comptages intelligents, des capteurs, une meilleure information via Trafiroutes, etc. Très bien. Mais pendant qu’on compte les camions, les chauffeurs, eux, continuent à se garer à l’arrache, à enfreindre les temps de repos ou à dormir à 80 cm du bitume.
Je suis convaincu que nous devons aller plus vite, plus fort, et surtout plus loin. Le plan « Mobilité et infrastructures pour tous 2020-2026 » a prévu une enveloppe de 10 millions d’euros. C’est un début, mais ça ne répond pas aux urgences immédiates. Il est temps d’explorer des solutions alternatives : collaborations avec le privé, développement de parkings hors autoroute bien signalés et connectés, mutualisation avec des zones industrielles ou logistiques. Pourquoi ne pas inciter les zones d’activités économiques à accueillir des parkings poids lourds accessibles et sécurisés la nuit ?
Enfin, il y a une dimension humaine qu’on oublie trop souvent : les conditions de repos. Aujourd’hui, 66 aires sur 107 seulement sont équipées de sanitaires fixes. Entre avril et octobre, des toilettes mobiles sont ajoutées sur douze aires. C’est bien, mais cela reste insuffisant. Dormir dans un camion, ce n’est déjà pas facile. Dormir sans toilette à proximité, sans éclairage, sans sécurité, c’est indécent.
Nos chauffeurs routiers assurent l’approvisionnement de toute la Wallonie — de nos supermarchés, de nos entreprises, de nos hôpitaux. Ce qu’ils demandent, ce n’est pas le luxe. C’est de la sécurité, du respect, et des infrastructures dignes de ce nom.
J’en fais un combat personnel. Et tant que je siégerai au Parlement wallon, je continuerai à me battre pour que la Wallonie cesse de considérer le transport routier comme une fatalité ou une nuisance, et commence à traiter ses chauffeurs comme les professionnels essentiels qu’ils sont.