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Les vétérinaires ruraux

Les vétérinaires ruraux

Question orale du 20/04/2017 à René Collin, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

Monsieur le Ministre, à l’instar des autres professions médicales en zones rurales, on assiste à une diminution inquiétante du nombre de vétérinaires ruraux.

 

En 2010, avec le soutien du ministre Lutgen, l’Union professionnelle vétérinaire avait lancé une campagne qui s’appelait : « Vétérinaire rural, bien plus qu’un vétérinaire ». Toutefois, depuis lors, il ne semble pas que la situation numérique de la profession se soit améliorée.

 

Pouvez-vous faire le point sur le travail du Gouvernement en la matière depuis 2010 ?

 

Concrètement, quelles sont les actions menées afin de favoriser l’installation de vétérinaires ?

 

En plus des difficultés inhérentes à la pratique de ce métier, le fait de devoir évoluer dans un secteur en crise ne favorise pas les vocations.

 

Qu’en est-il des discussions avec la Fédération Wallonie-Bruxelles dans le cadre de l’accès aux études vétérinaires ?

 

En effet, la question de l’organisation des études, la problématique de l’excès d’étudiants en médecine vétérinaire, qui obèrent la capacité des universités à dispenser une formation qualitative, doit être résolue. Ne pourrait-on pas imposer aux étudiants un stage dans les zones désertées par les vétérinaires ruraux ?

 

D’avance, je vous remercie pour vos réponses.

Réponse du Ministre

Madame et Monsieur les députés, déjà en 2009, une réflexion sur les difficultés des vétérinaires ruraux et sur l’importance de la santé animale dans la rentabilité des élevages a conduit au financement, par la Région, d’une étude, à l’initiative du ministre de l’époque, M. Lutgen.

Suite à ces recommandations, une première action a conduit au financement d’une campagne de revalorisation du métier, aux yeux des professionnels et du grand public.

Cette première étude faisait déjà état du malaise de la profession, de la pénibilité du travail, des contraintes administratives, des difficultés sociales dues aux horaires de travail et présentait le travail en association comme une piste de solution à ces problèmes.

Ces tendances se sont vues confirmées lors d’une nouvelle enquête, initiée, en 2016, par l’Union professionnelle vétérinaire. Ces chiffres montraient également que la satisfaction est systématiquement la plus haute dans les associations formalisées, par rapport aux collaborations non formalisées. Cependant, de nombreuses barrières subsistent avant de permettre aux vétérinaires de franchir ce cap.

Si nous voulons donc maintenir un maillage satisfaisant de vétérinaires au service de nos éleveurs, de la santé de leur cheptel et de la qualité de nos productions, mais aussi globalement conforter l’installation de praticiens dans les zones rurales, il faut encourager la création d’associations.

Au vu des recommandations de l’étude de l’UPV, pour aider à la constitution de ces personnes morales vétérinaires – puisque, maintenant, ils peuvent travailler, être reconnus et agréés comme PMV, c’est-à-dire comme personnes morales vétérinaires – il est utile, voire nécessaire, de faire appel à une aide extérieure, à un consultant. Plutôt que de donner des primes à l’installation, comme pour les médecins généralistes, l’appel à projets que j’ai lancé consiste en le financement partiel de cet accompagnement extérieur.

Ainsi, le processus sera divisé en deux phases : d’abord, une étude de faisabilité du projet d’association sous forme de personne morale vétérinaire, ensuite, une aide à la mise en œuvre et au suivi de l’association sous forme de PMV.

Les missions de consultance subsidiées sont réalisées par des prestataires qui répondent aux conditions qualitatives portant sur leurs qualifications et leur expérience, la méthode de travail et également sur leur indépendance.

Le projet doit être porté par au moins trois vétérinaires. C’est un critère de satisfaction des associations retenu de l’étude de l’UPV. Il doit se tenir dans une commune rurale ou semi-rurale de Wallonie. De plus, dans les critères d’évaluation des projets, on encourage l’emploi et la mixité générationnelle et de genre.

Quant à la question relative à l’organisation des études, la problématique de l’excès d’étudiants en médecine vétérinaire a été prise en compte et un examen limitant le nombre d’étudiants va être organisé.

Dans le cadre de la formation vétérinaire à l’Université de Liège, des orientations spécifiques sont déjà proposées concernant les travaux cliniques et les stages chez des vétérinaires ruraux en dernière année. Je ne peux qu’encourager les jeunes à suivre un ou plusieurs praticiens dès le début de leur cursus pour encourager les étudiants à embrasser le métier de vétérinaire rural.

La création d’associations devrait les inciter à rejoindre leurs aînés dans nos campagnes.

J’entends bien, Monsieur le Ministre, que vous dites qu’à l’Université de Liège, on pousse déjà les étudiants à aller suivre des vétérinaires dans les milieux ruraux. Pensez-vous qu’il est possible de généraliser cela dans les autres universités wallonnes ? C’est une réflexion, je ne vous demande pas une réponse. Si cela se fait bien à Liège, pourquoi cela ne peut-il pas se faire à l’UCL et à l’ULB, entre autres, là où l’on enseigne la médecine vétérinaire ?