L’opération « Diadem »
Question orale (20/03/2017) de FONTAINE Eddy à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports et du Bien-être animal
Monsieur le Ministre, la Meuse est un fleuve européen par excellence dans la mesure où elle traverse trois pays : la France, les Pays-Bas et la Belgique. Longue d’environ 950 kilomètres, elle a un profil varié, mais chez nous, elle aura été un vecteur indéniable de la vitalité industrielle des XIXe et XXe siècles.
Aujourd’hui, sous le pilotage de l’Université de Reims, un consortium d’une dizaine d’associés va mener une opération visant à évaluer l’état sanitaire du fleuve et, plus particulièrement, l’impact des résidus médicamenteux sur la biodiversité.
Quels sont les opérateurs wallons participant à ce projet ? Comment ont été sélectionnés les opérateurs publics wallons du cycle de l’eau ? Un budget d’environ 2,3 millions d’euros est consacré à cette opération appelée Diadem, dont la moitié est issue des fonds Feder. Qu’en est-il de l’autre moitié ? Si des Wallons et des Français participent à cette opération, il semble que les Hollandais en soient exclus, pourquoi ?
Comme indiqué plus haut, l’objectif est d’analyser l’impact de cinq molécules provenant de médicaments : un analgésique, deux anti-inflammatoires, un neuroleptique et un régulateur cardiaque sur cinq espèces : deux de poissons – l’épinoche pour la Meuse, la truite pour la Semois – un crustacé – le gammare – un mollusque – la moule zébrée – et une mousse. Une fois le diagnostic posé, comment devra-t-on s’en saisir ? Quelles sont les opérations concrètes qui pourraient déboucher d’une telle analyse ?
Réponse du Ministre
Monsieur le Député, le projet Diadem, développement d’une approche intégrée pour le diagnostic de la qualité des eaux de la Meuse, vise à identifier et mesurer les perturbations dues au rejet des stations d’épuration sur les organismes aquatiques du milieu récepteur.
En effet, on sait que les traitements existant dans les stations d’épuration sont efficaces pour réduire considérablement la quantité de matière organique, mais il s’avère que les substances émergentes telles que les résidus médicamenteux et les hormones se retrouvent parfois dans l’eau.
L’impact de ces molécules sur l’écosystème récepteur est encore méconnu, d’où la mise en place du projet Diadem. Ce projet est géré et coordonné par l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Les partenaires wallons sont l’Université de Namur, l’Université de Liège sur son campus d’Arlon, la Société wallonne des eaux, le CER groupe, ainsi que des partenaires associés, non inclus dans le financement du projet, tels que la SPGE, les contrats de rivière Haute-Meuse, Sambre et Affluent et Semois-Chiers.
Le projet porté par ses opérateurs a été sélectionné vu les compétences et connaissances qu’ils peuvent apporter. L’Université de Namur dispose d’unités de recherche en biologie aquatique, l’Université de Liège intervient pour les macrophytes, la Société wallonne des eaux dispose d’une expertise sur le domaine de l’analyse des substances émergentes et le CER groupe, en ce qui concerne la faune aquatique.
Les partenaires associés sont concernés directement par la problématique, la SPGE pour fournir des informations quant aux stations d’épuration, les contrats de rivière quant aux connaissances de terrains, ainsi que pour la communication qui découlera du projet.
Les Pays-Bas ne sont pas partie prenante au projet, s’agissant d’un intérêt concernant la zone France-Wallonie-Flandre. Les Pays-Bas sont tenus informés des résultats du projet de par leur participation à la Commission internationale de la Meuse.
En ce qui concerne les 2,3 millions d’euros prévus pour ce projet, 50 % sont financés par le Fonds européen de développement régional, 40 % par la Wallonie et le solde de 10 % par les différents partenaires du projet. Le volet « Communication » occupe une part importante.
Dans un premier temps, pendant la réalisation du projet, l’accent sera mis sur la communication technique entre les différents partenaires. Dans un second temps, en fin de projet, sera mise en place une communication à destination tout d’abord des services publics, français et wallons, par des guides techniques à destination des universités par des formations scientifiques et des publications scientifiques et à destination du grand public par des cafés des sciences, des conférences, des mallettes itinérantes pour le public scolaire notamment.
Les résultats permettront également de cibler, le cas échéant, certaines stations d’épuration en vue d’affiner le traitement et de supprimer les résidus médicamenteux qui subsistent dans les eaux en fin de processus. Pour vous donner quelques joyeusetés sur les noms des molécules émergentes d’origine pharmaceutique, on me cite le paracétamol, l’irbésartan, le diclofenac, le naproxène et le carbamazépine. Ce serait parmi les substances qui seraient suivies, étant donné qu’elles résistent, qu’elles passent à travers le traitement des stations d’épuration et sont, pour la plupart, rejetées dans les milieux aquatiques.
Réplique d’Eddy Fontaine
Merci, Monsieur le Ministre, pour ces réponses précises au questionnement. Je me demandais, puisque vous savez que dans une autre vie, j’œuvrais dans une intercommunale qui traite l’eau, si les intercommunales et pas uniquement celle-là, ont-elles été concertées ou consultées par rapport au travail de la SPGE qui coordonne l’ensemble. Les acteurs de terrain ont-ils été consultés ? Je vous ferai une question écrite.