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par l’ONU de la protection permanente du Dr Mukwege

Retrait par l’ONU de la protection permanente du Dr Mukwege

Question orale du 22/05/2017 à Rudy Demotte, Ministre-Président

Monsieur le Ministre-Président, le 10 mai dernier, c’est avec consternation que nous apprenions par voie de presse que la protection permanente du Dr Mukwege par les Casques bleus de l’ONU ne serait plus assurée. Cette annonce nous parvenait à peine quelques semaines après l’assassinat d’un proche collègue du Dr Mukwege, le Dr Gildo Byamungu, le 14 avril, peu de temps après qu’on lui ait aussi retiré la protection onusienne dont il bénéficiait.

 

Le travail du Dr Mukwege afin de venir en aide et de «réparer» les femmes victimes de violences sexuelles est connu et reconnu de tous. Son courage et sa ténacité à défendre les femmes du Kivu, victimes de violence atroces, et à briser le silence entourant les barbaries commises dans l’est du Congo, lui ont valu de nombreuses menaces et même une tentative d’assassinat dans laquelle son garde du corps a perdu la vie.

 

Il est donc particulièrement difficile de comprendre une telle décision de la part des Nations unies. Nous avons eu l’occasion ici, dans ce parlement, d’échanger et de remettre un prix au Dr Mukwege pour son action dans la dénonciation et la lutte contre les crimes contre l’humanité dont sont victimes les femmes du Kivu. Une résolution en soutien au Dr Mukwege et à son combat a été adoptée. Nous ne pouvons rester silencieux et inactifs face au risque qui pèse aujourd’hui sur sa vie et sur celles des femmes qu’il tente de protéger et de réparer au sein de l’hôpital Panzi, à présent que sa protection lui est retirée.

 

Monsieur le Ministre-Président, avez-vous connaissance de cette décision de retrait de la protection permanente du Dr Mukwege? Le cas échéant, avez-vous des informations complémentaires concernant les raisons de cette décision?

Des contacts ont-ils été pris ou vont-ils l’être avec votre homologue des Affaires étrangères afin de plaider au plus haut niveau pour une reconsidération de la décision de retrait de la protection permanente du Dr Mukwege ou afin de mener une réflexion sur les alternatives possibles au niveau de l’Union européenne ou de l’Organisation inter-nationale de la Francophonie?

 

En plus de son action humaine et médicale remarquable, le Dr Mukwege a entrepris un immense travail de mobilisation de la communauté internationale face aux atrocités qui se déroulaient dans l’ignorance la plus totale en République démocratique du Congo. De quelle manière, pouvons-nous aujourd’hui mobiliser nos instances et nos relations diplomatiques afin de le soutenir et lui assurer une certaine sécurité face aux menaces qui pèsent sur lui?

Réponse du Ministre

Comme j’ai eu récemment l’occasion de le dire, nous sommes extrêmement préoccupés par la sécurité du Dr Mukwege et de ses équipes. L’odieux assassinat du Dr Byamungu illustre bien la dangerosité du contexte dans lequel ils doivent travailler. La mise en lumière de la situation du Dr Mukwege ne doit pas occulter celle, tout aussi difficile, de tous les intervenants de la santé et de l’ensemble de la société civile de cette région qui est au cœur de son combat.

Il appartient en premier lieu à l’État congolais de garantir la sécurité de ses ressortissants. Nous devons toutefois constater qu’un appui extérieur s’avère également indispensable. Dans ce contexte, au vu des appels de la Fondation Panzi, inquiète de l’allègement des mesures de protection prises par la MONUSCO, le gouvernement fédéral, par la voie de son ministre des Affaires étrangères, a dit tout faire pour maintenir les mesures de sécurité accordées au Dr Mukwege, comme il l’avait fait précédemment pour qu’elles lui soient accordées. Il est donc rassurant d’apprendre, comme le confirme un communiqué de presse de la Fondation Panzi daté du 16 mai, que la MONUSCO a repris le 15 mai ses mesures de protection du Dr Mukwege et de ses équipes. Nos délégations générales, tant à Kinshasa qu’à Genève, suivent, bien entendu, l’évolution de la situation et m’en tiennent informé de manière régulière.

Enfin, je voudrais rappeler qu’à la suite de ma participation aux travaux du Conseil des droits de l’homme des Nations unies le 8 mars 2016, auxquels participait également le Dr Denis Mukwege, il a été décidé d’ériger la lutte contre les violences faites aux femmes au rang de priorité de la politique internationale de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Cette décision se traduira, très concrètement, par le lancement d’une initiative plurilatérale que je souhaite annoncer à l’occasion d’un événement organisé en marge de l’ouverture de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, en septembre prochain. Cette initiative doit s’appuyer, entre autres, sur les contacts privilégiés développés avec un ensemble de pays partenaires de notre coopération. En ce sens, nous ciblerons, mais de façon non exclusive, la Tunisie, la République démocratique du Congo, mais aussi le Bénin, le Sénégal et le Maroc. Nous aurons donc l’occasion d’évoquer de nouveau cette question. Tels sont les éléments que je pouvais apporter à ce jour.

Avec sa permission, je m’associe à la réplique de Mme Ryckmans afin de ne pas éterniser les débats. Je vous remercie, Monsieur le Ministre-Président, pour l’action que vous menez au quotidien vis-à-vis d’un problème d’ampleur internationale. Je me sens donc rassuré par rapport à la protection du Dr Mukwege, puisque vous nous avez confirmé qu’elle est à nouveau assurée depuis le 15 ou le 16 mai.