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Dans les deux années qui viennent, il y a là une réflexion sur Ethias, mais aussi sur le développement des sociétés de services chez nous pour rendre leur attractivité plus importante et le développer. Dans l'IT, nous avons un certain nombre de pistes, mais dans d'autres services, dont les services financiers, il est clair que nous sommes là avec une situation de déficit.

La stabilité de l’actionnariat d’Ethias

Question orale du 16/05/2017 à Jean-Claude Marcourt,  Ministre de l’Économie, de l’Industrie, de l’Innovation et du Numérique

Monsieur le Ministre, donc la stabilité de l’actionnariat d’Ethias. Ethias a fait l’objet de nombreuses discussions quant à son avenir, pour finalement trouver un accord qui prévoit que les actionnaires publics, que sont le Fédéral et les Régions flamande et wallonne, ne remettront pas en question leur participation au moins jusqu’en 2019.
Un accord de principe aurait été pris le lundi 8 mai dernier. Les questions sont les suivantes : qu’en est-il des points décidés ? Le standalone est-il toujours bien d’actualité ? La gouvernance serait aussi améliorée, d’après ce que l’on a pu lire et entendre, et la structure de l’assureur simplifiée dans les années à venir. Pouvez-vous faire le point sur ces dernières décisions et la situation actuelle ?

Réponse du Ministre

Madame et Messieurs les députés, l’avenir d’Ethias a fait l’objet de nombreuses réunions et je dirais pas seulement dans les derniers jours, les dernières semaines, mais depuis la crise de 2008-2009.

L’explication de la situation mérite un rappel. Ethias détenait 5 % du groupe Dexia. C’est le seul aujourd’hui des actionnaires belges « historiques » de cette entreprise qui poursuit encore une activité par rapport au holding communal et à la société Arco.

Les difficultés d’Ethias sont principalement dues à la détention de cette participation. Estimant, avant la crise grecque, que ces actions gardaient un éventuel potentiel de hausse, Ethias a vendu les actions Dexia à son holding de tête, Vitrufin, sur base de la recommandation de la Commission européenne.

Cette opération fut admise par la commission.

Pour financer ce rachat, Vitrufin a émis un emprunt de 278 millions d’euros.

La crise grecque a impliqué une recapitalisation par la Belgique et la France de Dexia, ce qui a eu ensuite comme conséquence un carve out de la banque belge, et on a fait Belfius et une dilution complète des actionnaires historiques.

La participation de Vitrufin dans Dexia a été vendue pour quelques millions d’euros avec une perte extrêmement importante. C’est ce qui explique dans la question de Mme Simonet la perte reportée de Vitrufin. Par ailleurs, Vitrufin est toujours tenu de payer les intérêts du prêt et début 2019, de rembourser le principal de l’emprunt contracté.

C’est donc à ces paiements d’intérêts et remboursements de principal qu’ont été et que seront affectés les dividendes payés par Ethias à Vitrufin d’ici jusqu’en 2019.

Le remboursement de l’emprunt supprimera aussi la nécessité de la structure à double étage, qui pourrait même être le cas échéant supprimée anticipativement, Ethias reprenant l’emprunt de Vitrufin dont elle est de toute façon la seule participation et la seule apporteuse de revenus.

Voilà pour l’historique.

La seconde simplification est relative à la société Ethias Droit Commun, qui est à la fois l’un des quatre actionnaires d’Ethia, et un assureur accident du travail, réassuré auprès d’Ethias.

De manière à simplifier la structure, le portefeuille assurantiel d’Ethias Droit Commun sera transféré à Ethias à une valeur de marché.

Par ailleurs, troisième élément lié à la gouvernance, une limite d’âge a été introduite dans les statuts, ce qui doit amener à un renouvellement partiel du conseil.

Parallèlement à cette remarque de gouvernance, d’autres améliorations ont été proposées. Les actionnaires ont ainsi décidé de laisser le management de l’entreprise se concentrer sur le développement du business et la satisfaction des clients.

Voilà pourquoi les actionnaires ont effectivement décidé, sauf cas de force majeure provenant par exemple d’un nouveau choc systémique, d’un standstill pendant deux ans encore de l’actionnariat actuel. Ce standstill concerne aussi la filiale NRB pour laquelle le management dispose de deux ans pour proposer d’autres alternatives éventuelles.

Cet accord s’accompagne d’autres éléments plus techniques, relatifs notamment à divers seuils de solvabilité qui devraient déclencher différentes mesures.

Ce que je voudrais dire pour conclure – et sans aller dans les détails des éléments techniques puisque c’est tout le problème d’être dans un marché concurrentiel et si vous dites à quel moment un adversaire pourrait porter une offre, vous l’incitez à ce que ce moment puisse se réaliser – c’est qu’en réalité, Ethias, en dehors du problème Dexia, est une société extrêmement solide.

Elle est regardée par des concurrents parce qu’elle est en avance en son temps à plusieurs titres, mais le plus essentiel est la numérisation. Étant donné que le modèle d’Ethias a été fondé sur un contact direct avec le client sans passer nécessairement par une agence, aujourd’hui la numérisation oblige tous les concurrents à faire de même et il y a là un savoir-faire et un know-how qu’Ethias dispose de manière plus adéquate que d’autres.

Le deuxième élément sur lequel je voudrais insister auprès de vous, c’est que l’on peut s’interroger – et c’est une question légitime – sur la nécessité de détenir plus de 60 % d’une activité informatique. Si ce n’est que nous savons tous que le big data sera dans les années qui viennent un élément de positionnement dans le marché extrêmement important. Le fait d’avoir à ses côtés une entreprise importante, un des plus grands acteurs belges sur le marché, dans le secteur de l’IT doit être considéré comme une véritable opportunité.

Personnellement, je crois que nous avons bien fait de ne pas prendre une position qui était celle de certains de dire : « Une société d’assurance n’a rien à faire avec une société IT ». La convergence des métiers et le décloisonnement des métiers doivent au contraire y voir une formidable opportunité. Cela ne veut pas dire que l’actionnariat doit rester à cette hauteur-là, c’est une question technique sur laquelle nous devons nous pencher, mais en tout cas je suis heureux que l’on ait pu garder les deux années.

Après, que se passera-t-il ? Comme vous le savez, le problème majeur des compagnies d’assurance – et encore bien plus pour d’autres que pour Ethias puisqu’en ayant fait un phasing out de son produit first est moins impacté que bien d’autres assureurs sur les engagements à long terme. Tout dépendra des taux d’intérêt. Si les taux d’intérêt devaient encore diminuer, quod non pour l’instant, il est clair que tous les assureurs – et Ethias ne serait pas le premier concerné – souffriront encore plus. Par contre, il est clair aussi que si les taux d’intérêt remontent, ne fût-ce que de manière modérée, la rentabilité de l’ensemble des assureurs va s’en trouver considérablement améliorée.

Je reste persuadé que nous devons, en tant que Wallonie, avoir une attention bien plus importante que d’autres sur l’avenir d’Ethias. Pourquoi ? Nous n’avons pas, en Wallonie, une structure bancaire et d’assurance comme la KBC. C’est notre plus grande société de services de Wallonie, c’est quasi la seule qui soit un acteur de taille belge, voire internationale. Nous savons que le déficit majeur de la Wallonie ne se situe pas tant dans le domaine industriel que dans le domaine des services. Nous n’avons pas associé assez de sociétés de services et spécialement de services de haut niveau chez nous, qui sont pour la plupart, pour ce qui dessert la Wallonie, centrées sur Bruxelles.

Dans les deux années qui viennent, il y a là une réflexion sur Ethias, mais aussi sur le développement des sociétés de services chez nous pour rendre leur attractivité plus importante et le développer. Dans l’IT, nous avons un certain nombre de pistes, mais dans d’autres services, dont les services financiers, il est clair que nous sommes là avec une situation de déficit.