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Anticiper les pénuries de main-d’œuvre : il est temps de mieux écouter le terrain

30/01/2025 – Sur le terrain, les signaux sont clairs : le marché de l’emploi wallon évolue plus vite que nos outils de pilotage. Trop souvent, des entreprises peinent à recruter, alors même que des milliers de chercheurs d’emploi restent sans perspective. Ce décalage, je l’ai dénoncé en interrogeant le ministre Jeholet sur la réforme de l’identification des métiers en pénurie et des fonctions critiques.

Aujourd’hui encore, la méthodologie repose essentiellement sur les offres d’emploi reçues par le FOREm. Autrement dit : ce qui ne remonte pas dans leurs fichiers est invisible… même si les besoins sont bien réels. Or, beaucoup de PME recrutent par d’autres canaux : bouche-à-oreille, réseaux locaux, plateformes sectorielles. Cela fausse la photographie du marché et limite notre capacité d’action.

Le Gouvernement a bien pris conscience de cette limite. Une réforme est engagée. Elle prévoit :

  • Un tableau de bord plus complet, combinant indicateurs quantitatifs (offres, délais de recrutement, etc.) et qualitatifs (retours des conseillers, avis sectoriels…),

  • Un renforcement du rôle des acteurs locaux : les conseillers emploi du FOREm, les fonds sectoriels, les chambres de commerce ou encore les structures d’insertion socioprofessionnelle,

  • Une enquête directe auprès des entreprises wallonnes, testée fin 2024 auprès de 8 500 d’entre elles dans les secteurs du bois, de la logistique et de la santé.

Les résultats sont attendus pour ce printemps 2025. Je suivrai cela de près.

Mais restons lucides : la réussite ne se mesurera pas seulement à la pertinence d’un tableau de bord. Elle dépendra surtout de notre capacité à décloisonner les échanges, à croiser les regards de ceux qui vivent et recrutent au quotidien.

Dans ma question au ministre, j’ai aussi insisté sur l’importance de s’inspirer de ce qui fonctionne ailleurs. La France, depuis 20 ans, mène une enquête nationale sur les besoins en main-d’œuvre. Pourquoi ne pas s’en inspirer plus largement ? Pourquoi ne pas créer une réelle culture du dialogue emploi-entreprise en Wallonie ?

L’emploi, ce n’est pas qu’une série de statistiques ou de dispositifs. Ce sont des humains. Des talents qui cherchent une place. Des employeurs qui cherchent des bras et des cerveaux. À nous de mieux les faire se rencontrer.

C’est cela que j’appelle de mes vœux. Et c’est cela que je continuerai à défendre.