11/06/25 – J’ai interrogé la Ministre de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq, sur un sujet essentiel mais trop peu exploré : les inégalités d’espérance de vie selon les métiers, et plus particulièrement la situation des agricultrices et agriculteurs wallons.
Selon les chiffres de l’IWEPS, l’espérance de vie à la naissance en Wallonie atteignait 80,6 ans en 2023, avec une moyenne de 82,9 ans pour les femmes et 78,3 ans pour les hommes. Ces chiffres, déjà en deçà de ceux observés en Flandre, masquent cependant des écarts importants selon les conditions de vie, le niveau d’instruction et la pénibilité du travail.
Certains métiers – notamment ceux exposés à des risques physiques, chimiques ou psychologiques – entraînent une espérance de vie nettement plus basse. Or, aucune donnée publique spécifique n’existe aujourd’hui en Wallonie pour mesurer ces disparités selon la profession exercée.
La Ministre a confirmé qu’à ce jour, aucune statistique consolidée n’est disponible concernant l’espérance de vie ou l’espérance de vie en bonne santé des agriculteurs. Les données existantes, produites par l’IWEPS, le FOREm ou l’AViQ, permettent d’analyser les différences selon le genre, le niveau d’éducation ou la situation socioéconomique, mais pas selon le métier.
C’est un réel manque.
En France, par exemple, les bases de données de la Mutualité sociale agricole (MSA) permettent de disposer de statistiques précises sur la santé et la longévité des travailleurs du monde rural. Ces informations sont essentielles pour orienter les politiques publiques de prévention et de soutien au secteur.
Chez nous, l’éclatement des sources de données (mutualités, INAMI, SPF Sécurité sociale, etc.) et les contraintes liées à la vie privée rendent cette analyse complexe. Pourtant, elle serait particulièrement utile pour un métier aussi exigeant que celui d’agriculteur, où les conditions de travail ont un impact direct sur la santé physique et mentale.
J’ai invité la Ministre à envisager la mise en place d’un travail exploratoire, en collaboration avec les syndicats agricoles, les organismes de santé et les instituts statistiques, afin de disposer de données fiables et comparables à celles d’autres pays européens.
Car mieux connaître, c’est mieux agir : disposer de ces chiffres permettrait non seulement de mieux cibler les politiques de prévention et de santé au travail, mais aussi de reconnaître concrètement la réalité du métier agricole, souvent dur, solitaire et physiquement exigeant.
Ce sujet mérite qu’on s’y attarde. Les agricultrices et agriculteurs de Wallonie, piliers de notre alimentation et de nos territoires, doivent pouvoir bénéficier de la même attention que n’importe quel autre secteur quand il s’agit de santé et de longévité.