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Les travaux de rénovation du Grand pont de Couvin repris dans une zone classée au Patrimoine wallon

Les travaux du SPW pour rénover le Grand pont de Couvin en remplaçant le revêtement historique en pavés par un revêtement hydrocarboné sont à l’arrêt dans l’attente d’un déblocage.

Le site du Grand pont de Couvin fait partie d’un site classé et référencé sur le site de l’Agence wallonne du Patrimoine (AWaP) : l’ensemble formé par le rocher dit « de la Falaise ». Ceci implique que toute rénovation devait, en théorie, se faire à l’identique. De plus, ce pont présente un revêtement historique en pavés, ce qui constitue une exception au CoDT et requiert ainsi l’obtention d’un permis, contrairement à une route en revêtement hydrocarboné normal. Ce chantier étant situé sur un site classé, il nécessitait une autorisation de l’AWaP, non obtenue et non demandée.

  • Comment expliquer un tel manque de communication, de synergie entre deux unités d’administration publique intimement liées dans de très nombreux dossiers, à savoir le SPW Mobilité et Infrastructures et l’AWaP ?
  • Madame la Ministre envisage-t-elle dans la réforme du COPAT de renforcer les mécanismes permettant de lier automatiquement les données patrimoniales aux demandes de permis dans le cadre de travaux publics ?
  • Qu’attend-elle pour renforcer les communications entre les divers services de l’administration lorsqu’il s’agit de biens classés, sachant que plusieurs fautes ont déjà été commises dans des travaux de sites classés ?
  • Chaque site classé dispose d’une classification interne et d’une classification DGO4. Étant en charge de la Fonction publique et du Patrimoine, prévoit-elle d’intégrer ces données dans un outil centralisé et commun à toutes les DGO pour faciliter la gestion des dossiers et effectuer des vérifications préalables ?
  • Dans le cas du Grand pont de Couvin, quelles mesures Madame la Ministre a-t-elle ordonnées afin de conserver les caractéristiques du classement de ce site ?
  • Peut-on espérer une restauration de ce patrimoine local à l’identique ?

 

Réponse de la Ministre

 

Le Grand pont de Couvin bénéficie d’une double protection :

  • il est situé dans le site classé du rocher dit « de la Falaise » et doit donc être considéré comme un bien classé pour toute intervention à y mener ;
  • il est situé dans le périmètre du Centre ancien protégé, ce qui signifie que les effets du Guide régional d’urbanisme sont d’application pour les revêtements en pavés.

L’AWaP a appris par voie de presse les travaux en cours d’exécution du Grand pont de Couvin. Aucune demande de réunion de patrimoine ou, selon les informations en ma possession, de permis d’urbanisme n’a été introduite au préalable.

En se rendant sur place, l’AWaP a constaté que le tablier avait été intégralement dépavé et les garde-corps démontés. D’après les documents transmis par le SPW Mobilité et Infrastructure, le projet prévoit des ragréages et le rejointoiement de maçonneries, le placement de couvre-murs en béton armé, l’élargissement du trottoir à traiter en béton imprimé, un revêtement hydrocarboné de la chaussée et le remplacement des garde-corps suivant le modèle involuté qui équipe la berge côté rue de la Falaise.

Le site de la Falaise structure fortement le paysage. Le château et la ville ancienne se sont construits autour de ce promontoire rocheux. Les vues vers et depuis le site sont sensibles et nécessitent un soin particulier afin de ne pas altérer les qualités paysagères du lieu. Sur le plan paysager, le Grand pont constitue un élément pivot, ouvrant la perspective sur le noyau historique. Par son emplacement, les vues dégagées qu’offrent ses abords et la configuration convexe de son tablier, le pont est particulièrement visible et son revêtement fort perceptible. La visibilité du revêtement et des garde-corps requiert une intervention discrète qui n’altère pas la perception du pont dans son environnement.

L’AWaP constate malheureusement que les travaux déjà réalisés ou projetés ne respectent pas les caractéristiques patrimoniales du site classé, en raison de la banalisation qu’ils provoqueraient sur un espace urbain pourtant doublement protégé.

Dès lors, l’AWaP préconise les adaptations suivantes, de manière à respecter ces valeurs patrimoniales, c’est-à-dire :

  • la restauration et la réinstallation des rambardes démontées au début du chantier, avec mise en peinture similaire à l’existant ;
  • le repavage du pont avec les pavés démontés, suivant le même appareillage.

Au vu des infractions commises, l’AWaP va dresser sous peu un avertissement préalable au sens de l’article D.VII.4 du CoDt et demander au SPW MI de remettre le site en état.

En ce qui concerne la demande d’explication quant au manque de communication entre services, d’accessibilité des données patrimoniales ou de nécessité de réforme, je crains qu’il n’y ait rien de particulier à expliciter. Tout dispositif est tributaire de la manière dont on l’utilise. Les informations relatives à la situation urbanistique et juridique des biens wallons sont accessibles à l’ensemble des gestionnaires de projets via le Géoportail. Les biens classés y sont dûment répertoriés. Je déplore dès lors les infractions commises ici, d’autant plus qu’elles sont le fait d’un service régional.

En ce qui concerne les procédures patrimoniale et urbanistique à respecter, elles peuvent toujours utilement faire l’objet d’un rappel. Pour le patrimoine, je vais demander que la situation des autorisations patrimoniales sur biens classés soit explicitée en interne au SPW et transmise à l’UVCW pour information vers les communes.