Question du genre dans les études liées au numérique et à la technologie
Dans la sixième édition de l’enquête «Gender Scan», il ressort que six étudiantes sur dix souhaitant s’orienter vers des études dans le secteur du numérique ont été découragées d’opérer un tel choix. Ce constat préoccupant n’aide en rien la lutte contre les stéréotypes de genre que promeut le gouvernement. Menée dans 117 pays – dont la Belgique, avec l’aide d’opérateurs de la recherche de notre Fédération –, cette étude internationale montre que nous nous trouvons malheureusement au-dessus de la moyenne européenne où «seulement» 50 % des jeunes femmes sont la cible de tels stéréotypes.
Ces conclusions résonnent particulièrement chez nous où les femmes représentent seulement 12 % de la population étudiante dans les formations numériques, contre 20 % ailleurs en Europe. Or, force est de constater des pénuries de main- d’œuvre dans les filières numériques pourtant porteuses d’emploi et de débouchés. Cette contradiction témoigne du fait que les préjugés ont la vie dure.
- Madame la Ministre, à la suite des constats posés par cette sixième édition du «Gender Scan», comptez-vous accélérer la cadence des actions prévues pour lutter contre les stéréotypes de genre dans les études, plus particulièrement celles liées au numérique?
- Dans la plupart des cas, les tentatives de dissuader l’entame de telles études proviennent du monde familial et/ou du monde éducatif. De quels moyens les membres du gouvernement et vous-même disposez-vous pour accentuer la lutte contre ce phénomène dans ces milieux, tout en sensibilisant la population contre les préjugés dans les études de ce type?
- Le Plan d’action national de lutte contre les violences basées sur le genre a été adopté par toutes les entités du pays à la fin du mois de novembre 2021. Dans ce cadre, prévoyez-vous d’élaborer des actions communes ciblant les stéréotypes de genre dans les études liées au secteur du numérique?
Vous avez fait référence à une réflexion en cours visant à inscrire les obligations des établissements en termes de lutte contre les discriminations et le harcèlement au sein du décret du 7 novembre 2013 définissant le paysage de l’enseignement supérieur et l’organisation académique des études (décret «Paysage»).
- Où en sont ces travaux aujourd’hui?
- Dans quelle mesure permettront-ils d’instaurer un véritable cadre pour lutter efficacement contre ces stéréotypes qui font immanquablement perdre des étudiantes potentielles, de futures professionnelles du numérique, à tout ce secteur?
Réponse de la Ministre
Sensibiliser aux STEAM, et plus particulièrement au numérique, est indispensable. Il est nécessaire de battre en brèche l’idée selon laquelle les métiers liés aux STEAM sont inaccessibles; de vulgariser les résultats de la recherche; de former les futurs enseignants et ceux qui enseignent déjà; ou encore de briser les stéréotypes de genre.
La sensibilisation exige d’agir à différents niveaux qui ne relèvent pas tous de mes compétences. Toutefois, je serai évidemment en première ligne pour avancer sur ce dossier. Pour rappel, dans le cadre Fonds social européen (FSE), un portefeuille de projets sur la thématique de la sensibilisation des élèves aux STEAM est en cours de montage. Ce projet regroupe les acteurs principaux du domaine en Fédération Wallonie-Bruxelles et en Wallonie. Il a pour objectif de doubler le nombre d’actions de sensibilisation grâce au financement additionnel du FSE; de former concomitamment les enseignants pour qu’ils utilisent les outils développés par les experts de la sensibilisation en toute autonomie et ainsi poursuivre le travail avec leurs classes; d’améliorer la couverture territoriale des actions et de partager les outils développés par chacun. Si ce projet est retenu, je suis certaine qu’il permettra d’accélérer les choses.
J’ai déjà eu l’occasion d’aborder d’autres initiatives que nous soutenons, telles que le Printemps des sciences. Je mentionnerai encore que, dans le cadre de l’examen des habilitations au sein de l’ARES, une attention particulière est portée, à ma demande, à l’adéquation des habilitations aux besoins de formation sur la base de la réalité socioéconomique. Nous avons en effet des besoins importants dans le secteur des STEAM.
Des actions communes ciblant les stéréotypes de genre dans les études liées au secteur du numérique seront prises dans le cadre du Plan d’action national de lutte contre les violences basées sur le genre. Il existe bien sûr un lien entre les stéréotypes de genre et les violences. Les actions visant à combattre ce phénomène se retrouveront plus particulièrement dans le Plan «Droits des femmes» et encore plus spécifiquement dans l’enseignement obligatoire, à l’âge si sensible où les élèves font des choix d’orientation qui pourraient les mener vers les filières STEAM. En ce qui concerne le harcèlement, je vous renvoie, Messieurs les Députés, aux dernières discussions que nous avons eues en commission sur le sujet.