11/04/2025 – Depuis une trentaine d’années, les castors ont progressivement recolonisé nos vallées wallonnes. Introduits pour la plupart illégalement à la fin des années 90, ils sont aujourd’hui bien présents sur de nombreux cours d’eau. Leur population, estimée à environ 800 individus en 2012, est passée à 3 000 en 2018 et pourrait atteindre aujourd’hui entre 3 000 et 5 000 individus, selon les premières données en attente de confirmation par le rapportage officiel prévu en 2025.

Le castor est une espèce protégée par la directive européenne « Habitats-Faune-Flore », et son rôle dans les écosystèmes est ambivalent : s’il favorise la biodiversité en créant des zones humides précieuses, ses barrages peuvent aussi poser problème. En cas de fortes pluies, ils risquent d’aggraver les inondations ou, en cas de rupture, de provoquer des phénomènes de vagues.

Détruire ces barrages n’apporte pas de solution durable, puisque les animaux les reconstruisent aussitôt. C’est pourquoi des initiatives innovantes voient le jour pour mieux gérer cette cohabitation. À Philippeville, un projet pilote a été lancé avec le Contrat de rivière Haute-Meuse, la commune, le Département de la Nature et des Forêts (DNF) et le service technique provincial : le placement d’un cube de Morency, un dispositif importé du Québec. Ce système ingénieux permet, grâce à une dérive et un tuyau, de contourner le barrage et de prévenir les risques d’inondation, tout en laissant les castors poursuivre leurs activités.

La Ministre m’a confirmé que ce dispositif fait actuellement l’objet d’un suivi par la commune, avec l’appui du Contrat de rivière. Un monitoring est prévu pour évaluer son efficacité et transmettre les résultats au DNF. Toutefois, il n’est pas question à ce stade d’une généralisation, car son efficacité varie selon les sites et la dynamique locale des castors.

Côté finances, l’installation d’un cube de Morency reste relativement peu coûteuse : il s’agit essentiellement de tuyaux en PVC et d’une cage adaptée, réalisée avec des matériaux simples. Mais il n’existe pour l’instant aucun financement régional pour ce type d’aménagement. Les frais restent donc à charge des communes, des gestionnaires de cours d’eau ou des propriétaires concernés.

À mes yeux, cette situation montre bien que la question du castor ne doit pas être réduite à une opposition entre nuisances et bénéfices. Il faut trouver des solutions pragmatiques, adaptées aux réalités locales, pour concilier sécurité des riverains, protection des infrastructures et préservation de la biodiversité. Le dispositif testé à Philippeville va dans ce sens et mérite toute notre attention.