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La lutte contre la peste porcine africaine et le rôle du futur Plan de gestion des sangliers

 

La crise de la peste porcine africaine qui a fortement touché la Wallonie ces dernières années semble stabilisée, mais la situation reste difficile sur le terrain.

En effet, on peut constater une très faible densité de population de sangliers dans la zone PPA, alors que les obligations pour les chasseurs restent très strictes en matière de prélèvements. Cela contraste avec le constat posé à l’échelle wallonne, où le non-respect des quotas de tir, dus notamment à la crise du Covid, a engendré une forte reproduction. Ainsi, bien que la population de sangliers ait fortement baissé en Gaume, selon le président du conseil cynégétique, les chasseurs vont devoir continuer à réduire cette population afin de poursuivre les prélèvements en quantité suffisante pour avoir un bon échantillonnage, et pouvoir s’assurer de l’absence de cas viropositifs, mais aussi séropositifs.

De plus, suite au bilan tiré de la dernière saison de chasse en Wallonie, Monsieur le Ministre a annoncé la construction d’un plan de gestion visant à la diminution des sangliers devant comporter trois axes : un plan de tir légal, des moyens de destruction complémentaires et la révision de la réglementation sur le nourrissage.

  • Son futur plan de gestion intègrera-t-il des dispositions particulières à la gestion de la zone PPA actuelle en termes de prélèvements, de repeuplement, et des règles spécifiques de chasse pour permettre aux populations en Gaume de revenir à leur niveau normal ?
  • Des exemples européens indiquent un « retour à la normale » des populations de sanglier après environ 7 ans.
  • Le DNF a-t-il déjà dû dépêcher des agents pour compléter les prélèvements en cas de manque de tirs en suffisance ?
  • Dans les régions affectées par la PPA, on peut observer une augmentation de la population de cervidés. Des quotas particuliers seront-ils mis en place, si nécessaire, dans ces zones dans l’objectif d’un contrôle de la population ?

 

Réponse du Ministre

 

Personne ne peut contester que les populations de sangliers ont fortement diminué dans les zones impactées par la gestion de la crise dite « PPA ». Dans la zone infectée proprement dite, la maladie est évidemment largement responsable de la réduction drastique de la population de sangliers qui y était présente au départ.

Dans la zone d’observation renforcée et dans la zone de vigilance, les chasseurs ont dû déployer des efforts importants pour prélever un maximum de sangliers. Pour les y aider, le tir de nuit et le piégeage ont été autorisés. L’administration est également intervenue. Les populations de sangliers ont donc logiquement fortement diminué – c’était l’objectif – mais il faut tout de même bien reconnaître que cet objectif de créer une véritable « zone blanche » n’a pas été complètement atteint : il reste encore du sanglier dans ces deux zones, et parfois il en reste encore même beaucoup trop.

Les mesures prises ou à prendre à l’échelle de l’ensemble du territoire wallon pour maîtriser les populations de sangliers concerneront donc toutes les régions sans exception, y compris celles qui ont été concernées par la PPA.

D’une façon générale, la gestion et la maîtrise des populations de sangliers devraient conduire à terme et à effort de chasse équivalent, à des prélèvements annuels ne dépassant plus le seuil de 30 à 35 sangliers prélevés aux 1 000 ha de bois et par an en fonction des capacités d’accueil du biotope. Actuellement, ce prélèvement annuel moyen aux 1 000 ha de bois est très largement supérieur dans de nombreux conseils cynégétiques et démontre que les populations de sangliers sont bien trop importantes, engendrant ainsi tous les problèmes que l’on connaît.

Il est cependant évident qu’au niveau de la fixation des objectifs de tir pour les conseils cynégétiques, il doit être tenu compte de leur niveau de population de sangliers. Cette année par exemple, dans le cadre des plans de tir « Sanglier » sur une base volontaire, l’objectif de tir du conseil cynégétique de la Semois, qui a été impacté par la gestion de la crise de la PPA, est sans surprise deux fois plus moindre que celui de l’Unité de gestion cynégétique voisine du Massif forestier de Saint-Hubert, qui n’a nullement été impactée par la gestion de la crise de la PPA.

Cela étant, il faut être clair : il n’est pas question pour les chasseurs impactés par la PPA de miser sur un retour à la situation antérieure à cette crise, situation que Monsieur le Député qualifie de « retour à la normale », mais qui correspond en réalité à une situation qui n’avait rien de « normal » ! En effet, sur la base des prélèvements, on estime que les populations de sangliers ont quadruplé en 30 ans et qu’il est plus que temps d’inverser cette tendance.
En ce qui concerne la question relative à l’intervention éventuelle du DNF pour tirer du sanglier en vue d’effectuer des prélèvements permettant de s’assurer que le virus de la PPA n’est plus présent, la réponse est négative. Le prélèvement en sangliers par les chasseurs dans les zones PPA permet toujours d’assurer cette surveillance.

Enfin, à la question concernant l’augmentation de la population de cerfs dans les zones PPA suite aux restrictions qui ont impacté la chasse durant la crise, j’apporte la même réponse que pour les plans de tir Sanglier. Les quotas de tir minimum ont été fixés en fonction de l’estimation du niveau de la population de cerfs dans ces zones. À population importante correspond donc un quota de tir important. Nul besoin d’édicter des règles particulières pour les zones PPA. Afin de rencontrer les situations où le niveau des populations de cerfs est tout à fait excessif, j’ai modifié la circulaire administrative qui balise l’octroi par l’administration des plans de tir pour cette espèce. Cette circulaire limitait l’imposition des prélèvements minimum. L’administration ne pouvait pas imposer une diminution de la densité de population en une seule saison dépassant 10 cerfs aux 1 000 ha. J’ai levé cet obstacle, afin que dans les situations de densités pléthoriques, un retour vers des densités plus conformes à la capacité d’accueil du milieu puisse être espéré dans un délai acceptable de quelques années.