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la robotisation

La robotisation

Question écrite du 02/05/2017 à Madame Eliane Tillieux, Ministre de l’Emploi et de la Formation

Récemment, une étude du bureau-conseil Boston Consulting Group révélait que la robotisation de l’industrie prenait une ampleur considérable au niveau mondial.

 

De nombreux pays, dont la Chine, utilisent ce type de main d’oeuvre. Les chaînes de production remplacent les humains par des robots, représentant un coût de 15 % en moins.

 

Les secteurs de l’électronique, des équipements électriques, des moyens de transport et des machines sont les plus touchés par ce renouvellement. Il est interpellant de constater que le recours à cette force de travail progresse de 10 % chaque année et que les pays utilisateurs enregistrent malgré tout un effet positif sur l’emploi.

 

Madame la Ministre peut-elle m’indiquer si la Wallonie prend en considération cette avancée et si une anticipation est programmée tant dans le domaine de la formation que celui de l’emploi ?

La réponse de la Ministre

Si la robotisation et l’automation, dans un sens plus large, connaissent ces dernières années une accélération importante dans les entreprises, l’effet sur l’emploi – selon les experts – peut apparaître soit dévastateur, soit positif.

Ainsi, une extrapolation de l’étude de Frey et Osborne (2016), par le conseil supérieur de l’emploi, pour l’appliquer à la Belgique, tend à montrer que la numérisation de l’économie pourrait affecter une quarantaine de pourcent de personnes à l’emploi – des études plus nuancées en France retiennent que 15 % de l’emploi serait affecté.

D’un autre côté, des entreprises wallonnes qui ont automatisé leur production ont vu passer leur effectif d’une cinquantaine de personnes à plus de 200. L’automation peut être destructrice d’emplois peu qualifiés (bien que cela ne se marque pas encore), mais – en diminuant les coûts de production – elle favorise par ailleurs une relocalisation de l’activité manufacturière dans nos régions. C’est pourquoi le développement de formations permettant la mise à jour des compétences de la main-d’œuvre en lien avec le développement de nouveaux métiers fait partie de mes priorités.

La robotisation de différentes activités manufacturières n’est toutefois pas neuve. Elle a commencé il y a une quarantaine d’années et se poursuit à un rythme de plus en plus accéléré, lié à la diminution du prix des équipements et au développement de logiciels permettant aux robots d’effectuer des tâches de plus en plus complexes.
En Wallonie, le Gouvernement a pris conscience de cette mutation technologique profonde et s’investit, depuis plusieurs années, à différents niveaux afin d’y répondre au mieux. Permettre aux entreprises de maintenir leur compétitivité, autant sur un plan local qu’international et permettre aux travailleurs et futurs travailleurs de s’inscrire au mieux dans ces mutations est un enjeu majeur. À ce titre, différents moyens sont déployés pour créer les conditions propices au développement de l’activité économique, en favorisant le développement de l’usine du futur et permettre à la population d’acquérir les nouvelles compétences et qualifications en lien avec les évolutions technologiques, plus particulièrement la robotique. C’est sur ces enjeux que se fondent les politiques de l’emploi et de la formation que je mène.

Ainsi, dans le cadre du Plan Marshall 4.0, le pôle Mecatech, regroupe pas loin de 250 partenaires académiques et industriels qui oeuvrent quotidiennement en s’appuyant sur des Centres de compétence comme Technifutur et Technocampus au développement de modules de formation permettant de rencontrer les nouveaux besoins exprimés par les entreprises.

Par ailleurs, au travers du réseau MANUNET, la Wallonie s’investit depuis une dizaine d’années pour préparer l’usine du futur grâce à des budgets spécifiques dédicacés à la recherche dans ce domaine. Dans ce cadre, huit nouveaux projets ont été déposés cette année par différents opérateurs wallons.

Enfin, le réseau des 25 Centres de compétence wallons labellisé s’inscrit, lui aussi, dans une démarche proactive de formation à l’usine du futur. Outre les travailleurs, ce sont également les demandeurs d’emploi, les élèves et les étudiants qui peuvent bénéficier de formations de pointe, dans le domaine de la robotique. Les techniques et technologies qui y sont associées, comme la programmation, la maintenance et la réparation, ne sont pas en reste. À titre d’exemple, Technifutur, à Liège, offre des formations de conduite de robots, de programmation et de maintenance, sur les marques et modèles les plus répandus dans l’industrie (Kuka ; ABB ; Fanuc ; Mitsubishi…). À Charleroi, depuis 2013, Technocampus fait de même et a mis en place un premier atelier dédié à la robotique, avec le soutien du fonds sectoriel FFIHN (Fonds de l’Industrie Hainaut-Namur).

Ces formations d’initiation à la robotique, ainsi que d’autres en maintenance électrique de robots, par exemple, seront amplifiées grâce à un financement FEDER (2014-2020) de près de 600.000 euros. L’acquisition de nouveaux équipements, de cellules robotisées intégrées dans des ensembles technologiques, correspond à la réalité des entreprises industrielles. Elle permettra la mise en place de formations de niveaux avancé et expert. Pour ces deux centres, ce sont près de 53.000 heures de formation qui ont déjà été assurées en robotique, au cours des années 2015 et 2016.