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Le développement de l’agroalimentaire en Wallonie

Le rapport sur le commerce agroalimentaire de la Commission européenne indique 2020 comme bonne année pour le commerce agroalimentaire. Les exportations et les importations ont augmenté en valeur, à contre-courant de la tendance globale à la baisse due à la pandémie.

Il montre une forte augmentation des valeurs d’exportations en blé (31 %) et en viande de porc (27 %). Or, la Wallonie, dans les chiffres de 2020, n’est pas une grande productrice de blé ni de viande porcine.

La peste porcine africaine n’a sans aucun doute pas contribué à une augmentation de nos exportations en viande porcine.

Pour les grandes cultures, si les céréales représentent une part de marché importante pour notre production wallonne, elles sont supplantées par les cultures de pommes de terre et betteraves.

  • Comment analyser l’évolution des exportations wallonnes agroalimentaires ? Les producteurs wallons bénéficient-ils également comme le reste de l’Union européenne de cette augmentation de la valeur des biens agroalimentaires ?
  • Comment agir sur leviers dont Monsieur le Ministre dispose, en coordination avec l’APAQ-W et les différents acteurs du secteur, pour promouvoir davantage les produits wallons auprès de nos partenaires commerciaux, et au sein de notre région ?
  • En comparant les revenus agricoles moyens, la filière bovine se situe bien en deçà de la moyenne sur l’ensemble des exploitations. De quels leviers politiquesdispose-t-il pour revaloriser cette filière, qui représentait en 2018 33 % de notre agriculture issue des produits de l’élevage ?

Ce phénomène semble confirmé en observant le revenu par région agricole, où les régions plus axées sur l’élevage bovin comme la Famenne, la région jurassique ou l’Ardenne se situent sous la moyenne wallonne, il est important d’agir au mieux.

Réponse du Ministre

Concernant les céréales et la viande porcine, il s’agit bien dans le rapport cité d’augmentations en valeurs au niveau de l’Union européenne. Celles-ci sont dues en partie à l’augmentation du cours des matières premières au niveau mondial, induit par la pandémie, qui n’a pas ou peu entravé la production de matière première, mais qui a bien provoqué par moment des difficultés d’approvisionnement (logistique) créant des effets spéculatifs momentanés qui ont tiré les prix légèrement à la hausse.

Même si la production est limitée en Wallonie, les producteurs de céréales ont néanmoins pu bénéficier de ces augmentations des prix mondiaux. Cependant, la situation des céréaliers wallons doit être mise en perspective, car l’année 2020 a connu une production totale de céréales bien inférieure à 2019 (-15 % au niveau de la Belgique, d’après FEGRA, fédération des négoces de grains) causée par un rendement plus faible et des superficies emblavées inférieures, entraînant de fait une moindre valeur des exportations de celles-ci bien que les prix aient été un peu plus soutenus. L’effet de l’augmentation du prix pour les céréaliers wallons a donc été quasiment annulé par la faiblesse des rendements ainsi que par le coût des intrants.

Par ailleurs, la problématique de la peste porcine africaine (PPA) a induit la fermeture de certains marchés en particulier à la grande exportation pour la Wallonie (par exemple Japon, Corée du Sud) suite à des embargos décrétés par ces pays à l’égard de la viande porcine belge.

Mais ce qui a provoqué et provoque encore la faiblesse du prix actuel payé à l’éleveur wallon c’est l’impact de la PPA sur les grands exportateurs européens (Allemagne, Espagne) qui ont dès lors inondé l’UE de leur production ne trouvant plus preneur à l’extérieur de l’Europe. Cette situation est en passe d’être rétablie vu la récupération du statut indemne de peste porcine pour la Belgique fin 2020 et la mise en place de zones régionales pour les grands pays entraînant la levée progressive des embargos des pays susmentionnés.

Il est important de noter également qu’il n’est pas possible à l’heure actuelle d’exporter de la viande porcine wallonne vers la Chine, car la Chine a mis en place un embargo suite à la PPA et cet embargo n’a pas encore pu être levé malgré les efforts de l’AFSCA et des différents représentants belges en Chine. Le rapport de la Commission européenne mentionne que la viande de porc compte pour plus de 40 % des exportations vers la Chine, mais il ne s’agit donc pas de viande wallonne.

De manière générale, la rentabilité des exploitations d’élevage (porcin et autres) en Wallonie est impactée négativement par l’augmentation du prix des matières premières (dont les céréales mentionnées ci-avant) qui induit une augmentation du coût des aliments.

À propos des exportations agroalimentaires wallonnes, la part des exportations du secteur agroalimentaire dans le total des exportations wallonnes est restée stable en 2020 (5.8 %) par rapport à 2019 (5.7 %). Les produits alimentaires et boissons sont le 5e secteur des exportations (4e en 2019).

De façon plus détaillée, les produits du règne végétal ont connu une croissance de leurs exportations en 2020 (+1.1 %), en particulier grâce aux exportations de la catégorie « Produits de la minoterie ; malt ; amidons et fécules ; inuline ; gluten de froment ».

Les produits alimentaires, boissons et tabacs ont connu une diminution (-4.6 %), de même que les animaux vivants et les produits du règne animal (-11.6 %). Concernant ces derniers, ce sont le lait et les produits laitiers qui ont connu la plus importante diminution des exportations.

Concernant la viande bovine, l’AWEx avait décidé de mettre un focus particulier sur le secteur en 2019 (et 2020). L’Agence a élaboré une campagne de visibilité à l’international « Tailor made meat », soutenue par les opérateurs du secteur dans le cadre du Groupe de Travail « Viande bovine » et en totale adéquation avec l’APAQ-W dont le programme européen dans les pays du Golfe fut coupé net suite à la mise en place de nouvelles modalités d’abattage en Wallonie. L’AWEx continue cependant de participer activement au GT « Viande bovine ».

Des actions de prospection sont planifiées au second semestre de 2022 en Asie, dans les 3 pays ciblés par les opérateurs (Thaïlande, Philippines et Vietnam). L’AWEx est également consultée périodiquement pour l’élaboration du plan de développement de la filière bovine réalisé par le Collège des producteurs.

En ce qui concerne la promotion des produits wallons auprès des partenaires commerciaux étrangers, l’APAQ-W applique un protocole de collaboration avec l’AWEx. Dans ce cadre, l’Agence participera prochainement au salon ANUGA à Cologne à l’occasion duquel elle permettra à plusieurs producteurs agroalimentaires émanant notamment du secteur porcin de pouvoir valoriser leur production à l’exportation (Porc Qualité Ardenne et Salaisons de Malmédy). Sur le marché intérieur, la stratégie tant B2B que B2C de l’Apaq-W portera notamment, et ce dès cette année 2021, sur la promotion inédite des produits identifiés par des labels européens, et ce dans le cadre d’un ambitieux programme porté par l’Union européenne.

Parallèlement, l’Agence veille bien entendu à poursuivre et à renforcer le matching entre les producteurs et les consommateurs via ses applications de géolocalisation.

En ce qui concerne la promotion B2C, je me permets de rappeler que, dans la foulée des Journées « Fermes ouvertes », l’opération « Ma Quinzaine Locale » a pris le relais. Elle est en cours et elle permet à plus de 200 producteurs de notre Région de valoriser leurs produits. Des actions spécifiques sont planifiées, plus particulièrement liées aux secteurs stratégiques que sont, entre autres, les viandes bovine et porcine :

  • La campagne « viande de chez nous » pour laquelle un livre reprenant 50 portraits de producteurs et 50 recettes autour de la viande. Parallèlement, les portraits feront l’objet d’une exposition itinérante en Wallonie qui se déplacera tous les 2 mois ;
  • La campagne nommée « Des moments authentiques » grâce à un budget de promotion européen de 1,5 million d’euros sur 3 ans, orientée vers le consommateur final, le secteur HORECA, les écoles hôtelières et les bouchers ;
  • La campagne « Quality time – Moments privilégiés », en collaboration avec le VLAM, qui met en avant l’ensemble de la filière viandeuse, prônant une consommation de viande locale, responsable et de qualité ;
  • Rencontres et dégustations de viande bovine chez les producteurs avec des acteurs de l’HORECA ;
    des dégustations en grandes surfaces ;
  • Développement de supports didactiques pour les professionnels de l’enseignement ;
  • Soutien des secteurs par du matériel « je cuisine local » et « viande de chez nous », par de la diffusion d’informations « justes », des publireportages et des campagnes de notoriété sur les réseaux sociaux et en télévision.
  • Et cetera.