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Le SPW en appelle aux citoyens pour redynamiser la ligne 132

Retour sur l’article de presse de Jean-Luc Henrard paru dans L’AVENIR du 22 avril 2017. (l’article en pdf)

 

Jeudi soir, une séance publique sur l’avenir de la ligne 132 s’est tenue aux Halles. La ligne est en sursis si la fréquentation n’augmente pas.

Colonne vertébrale ferroviaire de l’arrondissement de Philippeville, la ligne 132 Couvin-Charleroi a-t-elle un avenir? Ce thème était au centre, jeudi soir, d’une séance d’information animée par la «cellule ferroviaire» du Service Public de Wallonie. Créée en 2012 et composée de cinq personnes, cette structure n’a aucune prise sur les décisions au sein de la SNCB (une compétence fédérale). Mais elle peut toutefois analyser la situation et défendre les intérêts du rail côté wallon. Jeudi soir, on pouvait également noter la présence du représentant du site web navetteurs.be qui défend les usagers du train.

Dans la salle les Halles, près de septante personnes s’étaient déplacées pour assister à cette séance d’information: des utilisateurs du train, des politiques, de simples citoyens, des représentants d’associations comme Mobilesem…

«Nous avons besoin de vous, lance d’emblée une des membres de la cellule ferroviaire. Nous avons réalisé une analyse sur la ligne 132 Couvin-Charleroi. Il en résulte que cette liaison, bien qu’attractive, est en sursis en raison de sa trop faible fréquentation.» Un constat dressé dans un contexte délicat avec 3,7 milliards d’€ d’économies à réaliser par la SNCB de 2016 à 2020.

Baisse de fréquentation

«Dans ce cadre, nous devons tout faire, ensemble, pour redynamiser la ligne 132 et éviter qu’elle ne disparaisse à terme», insiste encore l’intervenante.

Avant d’émettre des propositions en vue d’améliorer la situation (voir ci-dessous), la cellule présente au public les résultats d’une enquête sur la ligne. Côté positif: l’infrastructure générale est en assez bon état avec des autorails (150 places assises) adaptés à cette ligne de 54,3 km et des ouvrages et rails (3 tunnels, 25 passages à niveau) entretenus. Des travaux sont toutefois nécessaires. Infrabel a prévu le «démariage» des rails au tunnel de Jamioulx et le renouvellement de la voie entre Mariembourg et Couvin. Ces chantiers provoqueront immanquablement des retards et même une suppression temporaire de la circulation des trains entre Mariembourg et Couvin. Ce n’est pas l’idéal alors que l’offre et les services proposés par la SNCB ne cessent déjà de diminuer.

Mais ce qui inquiète le plus dans cette analyse, ce sont les chiffres de fréquentation de la ligne 132 et son faible niveau actuel de rentabilité. Depuis 2011, cette fréquentation est en baisse constante. Si quelques gares (Couvin, Walcourt, Philippeville) enregistrent 300 «montées» par jour, les «petites» gares ne voient qu’une trentaine de «montées» quotidiennement. Les 2/3 des usagers sont des étudiants, à savoir le public qui rapporte le moins.

Un coût de 13€ par km

Les coûts d’exploitation de la ligne se révèlent très élevés: à raison de 13€/km par train, un aller-retour coûte 1400€. Pour atteindre la limite des 30% de ce coût, il faudrait embarquer, en moyenne, 70 passagers par train de bout en bout de ligne. Or, le chiffre moyen n’est que de 26 passagers en moyenne.

Ces données sont confirmées par une autre étude de navetteurs.be qui précise que 70% des usagers ont pour destination Charleroi, Philippeville et Couvin. Selon la cellule ferroviaire, ces mauvais chiffres peuvent notamment s’expliquer par une offre insuffisante sur certaines gares, une offre peu visible, peu de trains durant les week-ends et de longs temps d’attente pour les correspondances vers Lièges, Mons ou Tamines.

«Pour garantir la survie de la ligne 132, martèlent encore le collectif et navetteurs.be. Il faut augmenter sa fréquentation, inciter au renforcement de l’offre à moyen terme et améliorer les activités autour des gares.» Dans le cas contraire, ils ne donnent pas cher de la peau de la ligne Couvin-Charleroi. Une nouvelle réunion d’information se tiendra, le 27 avril, au château communal d’Ham-sur-Heure.

«Les doléances isolées, la SNCB s’en fout!»

En fin de réunion, le public a pu réagir, poser des questions ou émettre des suggestions. Quelques réflexions entendues: – La bourgmestre de Walcourt Christine Poulin: «Il faut convaincre les gens qu’il est plus rapide de rejoindre Charleroi en train. En voiture, la N 5 est un perpétuel bouchon.» …

En fin de réunion, le public a pu réagir, poser des questions ou émettre des suggestions. Quelques réflexions entendues:

– La bourgmestre de Walcourt Christine Poulin: «Il faut convaincre les gens qu’il est plus rapide de rejoindre Charleroi en train. En voiture, la N 5 est un perpétuel bouchon.»

– Un usager, pas tout à fait sur la même longueur d’onde: «Les temps de voyages en train ne cessent de s’allonger. Avant, il fallait 20 minutes pour couvrir Walcourt-Charleroi en train. Aujourd’hui, c’est 30 minutes Et je ne vous parle pas de rejoindre Bruxelles. il y a des jours, j’envisage d’abandonner le train pour la voiture.»

– L’échevin Christophe Corrouge, de Philippeville: «Les conseillers en mobilité des communes de Couvin, Philippeville et Walcourt pourraient intégrer le comité de la ligne 132. La Commune de Philippeville pourrait même proposer un local, dans l’ancienne gare.»

– Le représentant de navetteurs.be: «Je sais par expérience que si les usagers expriment leurs doléances individuellement, la SNCB s’en fout. Par contre, elle est plus sensible aux revendications exprimées par un groupe de pression. Il faut donc nous unir.»

Le député couvinois Eddy Fontaine: «Il y a un manque de coordination entre la SNCB et les TEC quant aux horaires. Quand un voyageur arrive à Couvin, il n’y a bien souvent pas de bus pour rejoindre les villages.»

– Le bourgmestre de Philippeville Jean-Marie Delpire: «Ne soyons pas exagérément défaitistes sur l’avenir de la ligne 132. Ces dernières années, de nombreux travaux ont été entrepris. Je ne crois pas que la SNCB a mené tous ces chantiers pour ensuite fermer la ligne.»

Un accompagnateur de train: «Avant, les bus des TEC pouvaient tourner devant la gare de Mariembourg. Cela n’est plus le cas et cela a diminué l’attractivité de cette gare.»

Pourquoi ne pas créer un comité de la ligne 132?

La cellule ferroviaire et navetteurs.be ont soumis une série d’actions au public présent. Les participants pouvaient, à la fin de la réunion, choisir les trois meilleures propositions formulées et indiquer, dans un formulaire, s’ils étaient prêts à s’impliquer personnellement dans l’une d’elles. Parmi les actions, on peut notamment retenir: …

La cellule ferroviaire et navetteurs.be ont soumis une série d’actions au public présent. Les participants pouvaient, à la fin de la réunion, choisir les trois meilleures propositions formulées et indiquer, dans un formulaire, s’ils étaient prêts à s’impliquer personnellement dans l’une d’elles.

Parmi les actions, on peut notamment retenir: valoriser les abords des gares; les rendre plus accessibles et conviviales; reconvertir les bâtiments de gare inoccupés. Il est aussi proposé de valoriser le potentiel touristique de la ligne 132 (proximité des Lacs de l’Eau d’Heure, Chemin de Fer à Vapeur des 3 Vallées); de mieux promouvoir la ligne auprès de la population et des élèves de 6e primaire (de futurs potentiels usagers) ou encore de parler de la ligne dans les bulletins et sites communaux.

Pour redynamiser la ligne et attirer de nouveaux usagers, les citoyens ont un rôle à jouer.

«Ne pourrait-on pas créer un comité de la ligne 132 avec des élus, des usagers, des associations, qui signalerait les problèmes existants et servirait de groupe de pression auprès de la SNCB? lancent les membres de la cellule. Une idée qui semble plaire aux participants. Mais encore faut-il se structurer.

Des événements festifs pourraient également être organisés autour des gares: des brocantes, des randonnées au départ d’une gare, un safari photos… Les navetteurs sont aussi poussés à parrainer un voisin, un ami afin qu’ils prennent plus régulièrement le train. Pourquoi ne pas envisager une journée shopping au complexe Rive Gauche à Charleroi? Le rail permettra d’éviter les bouchons sur la N 5 et de ne pas s’inquiéter des problèmes de parking.

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