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L’enjeu de l’autonomie alimentaire

Monsieur le Ministre,

la crise du coronavirus, en raison des mesures de confinement, nous a incités à réfléchir de manière plus intensive à l’autonomie alimentaire de notre Région.

Nous avons vu bourgeonner, de nombreuses initiatives favorisant les circuits courts et les produits locaux de qualité. Des projets de ceintures alimentaires et d’organisations territoriales visant à produire, transformer et distribuer en circuit court ont notamment vu le jour en Wallonie.

Par exemple, le Centre de recherches en agriculture urbaine, le C-RAU, développe un outil pour permettre et faciliter le développement des techniques d’aquaponie en milieu urbain ; une filière encore marginale à l’heure actuelle, mais très prometteuse.

Outre la diminution très importante de la consommation d’eau, environ quatre fois moins, cette solution s’inscrit dans les objectifs de réduction des pesticides et produits chimiques, qui font notamment partie des ambitions wallonnes. En effet, pour une production aquaponique, on diminue les quantités de fertilisants et de pesticides utilisés, en raison de la législation européenne, sur l’élevage de poissons et sur la culture de plantes.

Comment, Monsieur le Ministre, comptez-vous réagir à ces diverses propositions ?

Quel soutien pouvons-nous apporter au développement d’une filière aquaponique wallonne ?

Cette filière s’inscrit-elle dans une stratégie de développement de l’agriculture urbaine ?
Cet enjeu sera-t-il répercuté dans la future PAC ?

Quelles mesures en matière d’autonomie alimentaire seront portées par la Wallonie au niveau européen ?

 

Réponse du Ministre :

 

Monsieur le Député,

concernant l’aquaponie, la Wallonie finance des projets innovants en la matière. C’est assez peu connu, et votre question me donne l’occasion d’en parler. Le projet évoqué, mis en œuvre par le Centre de recherches en agriculture urbaine de Gembloux, et cofinancé par Interreg, en est un exemple particulier puisqu’il porte sur des outils technologiques de gestion.

Le programme cofinancé par le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, le FEAMP, se consacre plus particulièrement au secteur aquacole en Wallonie. C’est assez peu connu, mais ce fonds européen bénéficie aussi à la Wallonie. Avec ces fonds, que fait-on ? On finance notamment deux projets de recherche en aquaponie afin de permettre de tels systèmes avec, en l’espèce, l’élevage de tilapias, espèce tolérante et à croissance rapide, de truites, espèce principale élevée sur notre territoire, d’esturgeons, avec un marché de niche important sur le caviar, et de sandres, qui ont un haut potentiel de commercialisation.

Voilà les focus sur lesquels se concentrent ces projets de recherche dans notre Région. Ces systèmes aquaponiques nécessitent cependant
de lourds investissements ainsi que des coûts de fonctionnement significatifs. Ceux-ci, amortissements des investissements et coûts de fonctionnement, ne sont pas forcément aisés à amortir et à rentabiliser face aux produits de masse importés. C’est à peu près le même problème que celui que l’on a évoqué tout à l’heure dans une autre question.

Afin d’encourager l’entrepreneuriat aquacole, il faut que les projets de recherche évoqués puissent capitaliser leurs résultats scientifiques et par ailleurs produire des informations, des modèles exploitables par les aquaculteurs privés, mais aussi par les investisseurs ;
dimensionnement des exploitations rentables, plans d’affaires, et cetera :
– la volonté politique ;
– les moyens notamment venant du fonds ;
– le résultat de ces études scientifiques dans quatre
ou cinq directions que je viens d’évoquer ;
– un modèle économico-financier ;
– des investissements ou des co-investisseurs pour permettre de mettre en place cette filière.

Je soutiens cela parce que cela me semble très intéressant en termes d’autonomie alimentaire. Forcément, on évite alors des exportations de production à l’étranger pour venir alimenter nos marchés et nos filières agroalimentaires. De façon plus large, je l’ai abordé précédemment de façon très précise, concernant ce point, on est aussi mobilisé sur les enjeux liés à l’autonomie alimentaire et plus globalement à la transition de notre système alimentaire.

Un autre exemple, la filière ovine. Le constat est implacable : on produit 15 % de ce que l’on consomme. Il y a de l’expertise, il y a de la volonté et il y a une croissance de la filière ovine dans le territoire wallon. On doit répondre aux besoins. Exemple de besoins concrets : ils manquent d’abattoirs. Il faut que les aides de la prochaine période de Politique agricole commune soient bien adaptées aussi à la filière ovine. Voilà une filière, qui va éclore encore beaucoup plus largement, et sectorielle avec le Collège des producteurs, de nouveau, mais avec d’autres interlocuteurs aussi. Mon but est de déployer une stratégie très concrète, très opérationnelle, filière par filière. On a parlé ici de l’aquaponie, mais on peut parler d’autres sujets qui contribuent à densifier notre autonomie alimentaire.