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Débardage au cheval : un savoir-faire ancestral pour un avenir durable

16/12/2024 – Il y a environ un an, je me suis glissé dans la peau d’un débardeur à cheval pour une vidéo de la série Kiffe Ma Life. Ce jour-là, dans une forêt non loin de Theux, j’ai compris dans ma chair ce que cela signifiait : travailler lentement, en symbiose avec l’animal, en respectant le sol et la forêt. Loin des engins bruyants et lourds, le cheval, lui, laisse à peine une empreinte.

Ce n’est pas du folklore. Ce n’est pas du romantisme. C’est une réponse moderne et crédible aux défis environnementaux d’aujourd’hui.

C’est dans cet esprit que j’ai récemment interrogé la ministre wallonne de l’Agriculture et de la Ruralité sur la place du débardage au cheval en Wallonie. Car si cette pratique ancestrale continue d’exister, elle reste fragile. Elle ne survivra pas sans un vrai soutien politique.

J’ai été rassuré d’entendre que la ministre partage cette conviction. Depuis 2006, une circulaire impose le recours aux chevaux pour certains types de lots forestiers, et les chiffres montrent que l’objectif est même parfois dépassé. Mais la réalité du terrain reste compliquée. Les débardeurs sont peu nombreux, souvent isolés, et peinent à vivre de leur métier. Les formations sont rares, les débouchés incertains, et les acheteurs encore trop réticents à payer un peu plus pour une méthode pourtant bien plus douce pour nos forêts.

Je me balade souvent en VTT ou à pied dans les bois de notre belle Wallonie. Je vois les ornières profondes, les chemins ravagés, les sols tassés par les engins. On me répond qu’ils doivent être remis en état. « Normalement », me dit-on. Mais la réalité est loin du “normalement”. On détruit la forêt pour en extraire du bois. Et cela n’est plus acceptable.

C’est pourquoi je demande aujourd’hui qu’on aille plus loin. Oui, la circulaire de 2006 a été utile. Mais n’est-il pas temps de la réévaluer ? De revoir nos objectifs à la hausse ? De créer un cadre plus ambitieux pour relancer la traction animale comme véritable outil de gestion durable des forêts ?

Il faut agir sur l’offre, en soutenant les formations, en accompagnant les débardeurs dans la diversification de leurs activités, en créant un réseau régional de prestataires, et même en envisageant le travail en régie sur certaines parcelles sensibles. Mais il faut aussi agir sur la demande, en valorisant cette méthode auprès du grand public, des gestionnaires de forêts et des acheteurs de bois.

Le débardage au cheval, ce n’est pas un vestige du passé. C’est une piste pour l’avenir. Plus respectueuse, plus durable, plus humaine.

J’en suis convaincu. Et je continuerai à me battre pour que cette pratique retrouve la place qu’elle mérite dans notre politique forestière.